La Grande Embrouille d'Eduardo Mendoza
Cher(e) tournepage,
J’ignore ce qu’il en est pour toi mais de mon côté, lorsque j’ai un petit accès de fatigue ou un micro coup de blues, je m’offre un Mendoza.
Non, il ne s’agit pas d’un cocktail sud-américain aux couleurs psychédéliques et bourré de Téquila ni d’une grosse gourmandise régressive et insulino-agressive, non, je parle d’un roman de l’écrivain espagnol Éduardo Mendoza, l’auteur du Mystère de la crypte ensorcelée, du Labyrinthe aux olives, de L’Artiste des dames et d’Une Comédie légère (Prix du meilleur livre étranger en 1998).
Son dernier opus, paru en 2013 aux éditions du Seuil, s’intitule : La Grande Embrouille et s’inscrit dans la lignée de ses romans policiers parodiques et burlesques, pleins de personnages délicieusement récurrents car prodigieusement attachants. On retrouve ainsi à Barcelone notre noble héros-narrateur, espèce d’hurluberlu échappé de l’asile qui s’improvise détective et dégoise comme un livre, sa sœur Candida, son beau-frère, quelques comparses tous plus ou moins branquignoles- géniaux et l’ombre tutélaire du docteur Sugranes, chef du service psychiatrique dans lequel ont séjourné bon nombre des protagonistes.
Ça commence fort : notre narrateur reçoit une invitation à la décoration honorifique du Docteur Sugranes. Il commet l’erreur de s’y rendre. Aussitôt arrivé dans le carré VIP, le voilà saisi par deux assistants : la convocation avait pour but d’en faire l’objet d’étude d’une démonstration médicale publique : Ô terrible déconvenue ! Peu enclin à se complaire en telle situation, il décampe et croise le beau Romulo, un ancien interné qui le convie au bistrot. S’ensuivra un imbroglio de péripéties toutes plus insensées les unes que les autres, relatées dans un style désopilant : on assiste à un hold-up avorté à cause du goût d’un braqueur pour un service en porcelaine offert par la Caixa de Catalunya à ses meilleurs clients, à l’hégémonie des familles asiatiques sur le commerce urbain, au rapt heureux d’Angela Merkel qui doit sauver l’euro. Bref, impossible de tenir la liseuse ou le bouquin tant on se tient les côtes d’un bout à l’autre du roman.
Prescription d’urgence donc, non remboursée par la sécu mais peu onéreuse et transmissible.