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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 20:54

Image--18-.jpgDear George Clooney

 

Tu veux pas épouser ma mère? de Suzin Nielsen  (éditions Hélium)  194 pages, 13.90 euros.

         

 

      Votre adolescent(e) libéré(e( de ses obligations scolaires semble morose? Il/ Elle va de la console, à la télé en passant par le frigo? J'ai là ce qu'il vous faut : les aventures de Violette Gustafson relatées par elle-même.

 

        Réalisateur de séries télé, le père de Violette a quitté sa femme, coiffeuse sur les plateaux de tournage, et ses deux filles pour refaire sa vie avec une bimbo qui lui a, à son tour, donné deux autres filles. Je sais, peut-être penserez vous qu'il ne s'agit que de quelque chose de pathétique, une chronique larmoyante très contemporaine de la vie d'une famille instable. Que nenni. Et je poursuis.

        La mère de Violette cherche à tout prix à retrouver un compagnon qui mettrait un peu de tendresse dans sa vie, de gaîté dans celle de ses filles et, au besoin, réparerait la sonnette, le pot d'échappement de la voiture, la rampe d'escalier etc. Malheureusement, au goût de sa fille, elle tombe toujours sur des olibrius qui ne valent pas une cacahuète. C'est pourquoi, lasse de voir sa mère s'égarer avec des ringards, Violette, avec la complicité de sa meilleure amie Phoebe, prend l'initiative d'écrire à George Clooney:

" (...) Ma mère, elle, ne se servirait jamais de vous. C'est une coiffeuse de grand talent qui n'attendrait pas que vous la gâtiez comme une enfant ( même si je suis sûre qu'elle ne cracherait pas sur un petit voyage de temps en temps dans votre château en Italie). Ma mère a toujours cru à l'indépendance dans la vie et, où que vous choisissiez d'habiter, elle se trouverait un travail ( mais si je peux faire une recommandation, peut-être pourrait-elle travailler à temps partiel, ce qui lui laisserait le temps d'aller à la salle de sport raffermir un peu sa taille, et d'être à la maison quand ma soeur et moi rentrerions de l'école)."

         George Clooney répondra-t-il à cette requête? Ne comptez pas sur moi pour donner la réponse car je trouve qu'à elles seules les lettres deViolette et la galerie de portraits humoristiques qu'elle dresse des" losers" cotoyés par sa mère vaut le voyage livresque. La lucidité du regard de l'adolescente sur elle-même et son entourage, sa drôlerie acide, son intelligence vive, son grand coeur et ses gros dérapages nous touchent et nous amusent tout au long de cette narration magistralement menée qui alterne les formes: récit, lettre, conversations, téléphoniques, chat...

         Une belle performance d'écriture pour Suzin Nielsen qui nous fait croire à cette adolescente d'aujourd'hui sans réserve, en toute crédibilité ( ce qui n'est pas si facile!), et nous offre une vision sans concession mais optimiste des familles recomposées.  

         Bonne lecture d'été et autres saisons à venir.

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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 14:52

L’Empreinte à Crusoé

      Patrick Chamoiseau

      Gallimard NRF (parution mars 2012) Prix : 18 euros

      Seul sur son île, Robinson Crusoé vaque aux occupations quotidiennes qui rythment sa vie, lui donnent du sens et maintiennent le fil ténu de civilisation lui permettant de rester un homme. Un jour, sur la plage, il aperçoit une trace de pied. Un visiteur ? Ami ou ennemi ? Le désir et la crainte de l’autre  vont désormais occuper les journées de notre naufragé qui se met à fouiller frénétiquement l’île à la recherche de cet alter ego.

     Après  Daniel Defoe et son : Robinson Crusoé en 1719 ; Michel Tournier : Vendredi ou les limbes du Pacifique (1967), le martiniquais Patrick Chamoiseau, Prix Goncourt 1992 pour Texaco, apporte sa propre  ligne de mirages au mythe littéraire. Son écriture colorée, chatoyante nous brûle durablement de sensations diverses. Comme son héros, nous nous gavons de baies sauvages, nous chevauchons des tortues, nous faisons griller des serpents d’eau ou nous nous coulons tels des hippopotames lascifs dans des sources d’eaux oublieuses où noyer notre désespoir. La terreur du héros devient nôtre, de même que ses combats pour dépasser l’animalité ou la folie.

     La sensualité de la langue de Chamoiseau brouille les frontières  du réel et de l’imaginaire ; de la sagesse et de l’aliénation. Au tréfonds de sa schizophrénie, en dédoublant sa personnalité pour créer l’Autre qui lui manque tant : Robinson se sauve lui-même. Sa folie  le libère et nous libère en nous donnant à comprendre que nous pouvons puiser l’altérité en nous-mêmes. Si « Je est un autre » comme l’affirmait Rimbaud, « L’autre est en je ».

   Et Chamoiseau de laisser une nouvelle empreinte…

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 19:38

ma-vie-ocean-001.jpg

Ma Vie Océan de Mireille Disdero : spécial copinage

 

      Ami lecteur qui cherche un roman à offrir à une adolescente dont la maman pourra lire innocemment par-dessus l'épaule de sa fille : ne cherche plus, tends la main vers cette Vie Océan, toute en subtilité et en pudeur.

      Héloïse a seize ans, elle vient de perdre ses parents dans le tsunami thaïlandais de décembre 2006 et n'a plus la force de vivre. Dans un chalet de montagne, entourée d'adolescents meurtris comme elle, elle va apprendre à déneiger sa douleur pour qu'éclosent de nouveau les roses du printemps de sa vie.

      Mireille Disdero dont le premier roman: Seize ans et des poussières, se passait dans les quartiers nords de Marseille, avait déjà fait montre du talent de sa plume pour évoquer les tourments de l'adolescence. Elle nous touche, une fois de plus, par la délicatesse et la justesse de ses évocations. Elle cerne à merveille les contradictions touchantes de cet "âge des possibles", si noir et si rose à la fois, fait de deuils et de tocades, de souffrances et de fous rires, de Garfield en peluche et de premières amours qui sentent le chewing-gum à la chlorophylle.

      On navigue sur cette Vie Océan, de détresse en sourire avec beaucoup d'émotion.

 

                                          Bravo Mireille!

 

 

 

 

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 19:25

fable-d-Esope.jpeg

 

Le Loup et le héron

 

     Serait-ce l'atmosphère de la campagne électorale, avec son cortège de promesses démagogiques, qui nous ramène aux fondamentaux? Qui sait? Voici, pour nous faire du bien, une petite fable d'Esope, à déguster en apéro, avec une relative prudence, vous verrez...

 

      " Un loup qui avait avalé un os cherchait partout l'homme qui pourrait le soigner. Il fit la rencontre d'un héron et le pria, contre rémunération, de lui enlever cet os. Le héron, plongeant sa tête dans la gorge du loup, fit sortir l'objet et réclama le salaire convenu.

- Cher ami, fit le loup, ne trouves-tu pas appréciable d'avoir pu sortir ta tête intacte de la gueule d'un loup? Voilà que par-dessus le marché, tu réclames un salaire?"

 

     Il y a bien sûr une morale proposée par l'auteur, mais je ne vous la livre pas! Continuons de jouer : à vous de la proposer!

 

Je vous conseille l'édition des Fables d'Esope en album ( chez Milan jeunesse) superbement illustré par Jean-François Martin.

Je remercie les courageux poètes talentueux qui ont osé poster leurs haïkus ( voir les commentaires de Titi et Colleen sur le blog)

 

 

 

 

 

 

 

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 18:32

Quelques Lectures

 

Journal d’un corps de Daniel Pennac :

 Une entreprise à « sauts et à gambades », qui rend d’ailleurs hommage à  Montaigne, l’humaniste ayant également observé les mouvements et les caprices du corps. Malgré certains petits défauts de construction de ce journal qui parfois expédie et parfois s’attarde, on demeure « incorporé », vibrant, souffrant, jubilant avec ce narrateur. Une véritable empathie littéraire. Le propos s’avère nourri  d’informations diverses, notamment physiologiques et médicales, et, comme toujours, chez Pennac, l’humour est au rendez-vous !

 

 

La Liseusede Paul Fournel :

 Qui a reçu en cadeau une liseuse ? Moi !

Mais mon amoureux, plein de jugeote, m’avait d’abord offert le livre de Paul Fournel pour éprouver ma motivation. Je n’ai pas été déçue par le livre mais j’ai quand même opté pour la liseuse .  A la Recherche du Temps perdu ; les Rougon-Macquart et La Comédie Humaine dans un petit parallélépipède à peine lourd comme un gros steak ; une bibliothèque en poche, au sens strict ! Qui n’en a pas rêvé ?

Toujours est-il que le récit de ce sympathique éditeur, confronté à la révolution numérique, qui doit avaler consciencieusement les manuscrits téléchargés sur sa Liseuse et qui voit sa maison d’édition renouvelée par l’énergie de  jeunes stagiaires, nous amuse, nous charme et nous touche. L’oulipien qu’est Fournel sait jouer des mots !

 

Pour l’heure, je lis César Birotteau de Balzac sur mon steak de sac, « so kind ! » en attendant d’y télécharger le dernier tome de Q184 de Murakami. Je brûle d’impatience de m’y plonger, c’est pourquoi…je retarde l’échéance !

Et vous, que lisez-vous ? 

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