Ami lecteur!
Tu me sembles plus friand de poésie que de morale, soit! Puisque tu as montré tes talents de poète sur les haikus, poursuivons donc les aventures poétiques par la pratique de la star du vers, l'incontournable ALEXANDRIN.
Rappelons que l''alexandrin était pratiqué dès le début du 12ème siècle mais c'est un poème du 15ème siècle, en vers de douze syllabes, retraçant la vie d'Alexandre le Grand: Le Roman d'Alexandre qui est à l'origine de son nom. Au 13ème siècle, il est utilisé dans l'épopée mais ce sont les poètes de la Pléiade qui vont en faire le vers, par excellence, de la poésie lyrique.
Victor Hugo entreprit de le malmener, tout en l'adorant : "J'ai disloqué ce grand niais d'alexandrin" par le refus de certaines règles d'usage rythmique. Il est encore aujourd'hui pratiqué par les poètes contemporains. Et quand René Char écrit:
"Dans les rues de la ville
Il y a mon amour
Peu importe où il va
Dans le temps divisé"
On peut retrouver l'alexandrin...
Attention, lecteur-poète, à faire cas du "e". je te rappelle qu'il est muet en fin de mot ou devant voyelle mais doit être comptabilisé devant consonne: chante : 1 syllabe; chan/ te en( = tan)/ choeur: 3 syllabes; chan/ te / ta / peine: 4 syllables.
A ton tour maintenant. Je te propose de composer, pour t'amuser, un ou deux quatrains d'alexandrins rimés à ta guise. Voici un tableau pointilliste de Paul Signac intitulé: "La Calanque" dans lequel tu peux puiser ton inspiration. Et comme je ne suis pas du genre "lâcheuse", je me lance d'abord pour te donner du courage:
Patience de Port-Miou
Pourquoi prendre le large, dans le petit matin
Rose pâle, bleuâtre, mauve et qui sent bon le thym?
Où s'enfuir à la voile? Vers quel ailleurs perdu
Crois-tu trouver refuge? Le paradis n'est plus...
Les rocs calcaires si patients de nos rivages
Guetteront sans frémir le retour d'un visage
Aimé. L'automne s'éteindra comme tes rêves
Fidèle ta calanque t'attendra sans trêves.
Allez! A toi!